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  Et suivant ce qu’il dira, s’il est chrétien,
Donnez-lui sa croix d’extrême-onction ;
Donnez-lui sa croix d’extrême-onction,
Avec un cerceuil de quatre planches ! —

  — Iannik Coquart, mon bien-aimé,
Avouez-moi la vérité ;
Avouez-moi la vérité,
Avez-vous femme et enfants ? —

  — Oui, j’ai femme et enfants, [1][1]
Et je voudrais être auprès d’eux. —
— Iannik Coquart, mon bien-aimé,
Acceptez à boire de moi ;

  Je ne vous donnerai pas de vin blanc.
De crainte qu’il ne vous monte à la tête ;
Je vous verserai du vin clairet,
Qui vous donnera des forces pour marcher. —

III

  Quand Iannik Coquart allait chercher de l’eau,
Il ne savait pas qu’il était malade ;
Il ne savait pas qu’il était malade,
Jusqu’à ce qu’il eut regardé dans l’eau.

  Quand il regarda dans la fontaine,
(Il vit) qu’il était pourri de lèpre ! (1)[2]
Iannik Coquart disait
A son père et à sa mère, en arrivant :

  — Mon père et ma mère, si vous m’aimez,
Vous me bâtirez une maison neuve ;
Bâtissez-moi une maison neuve sur le bord de la lande,
Près du chemin qui mène à Saint-Jean ;

  Et faites une fenêtre dans le pignon,
Pour que je puisse voir la procession,
Avec la grande bannière de Ploumilliau,
Allant vers saint Cado.

  La grande bannière autour du cimetière,
Que de fois ne l’ai-je pas portée !
Oui, je l’ai portée bien souvent,
Mais je ne la porterai plus, hélas ! —

Son père et sa mère disaient
A Iannik Coquart, en ce moment :
— Iannik Coquart, dites-nous,
Qu’est-ce qui vous a donné la lèpre ? —

  1. [1] Cet aveu semble en contradiction avec la demande que Iannik fait au commencement à sa mère, de le laisser épouser Marie Tili, à moins qu’il ne se soit marié dans l’intervalle.
  2. (1) Mot-à-mot : qu’il se dépeçait, que ses chairs tombaient par lambeaux.