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  Monsieur de La Villeblanche disait
Un jour aux gens de la justice :
— Gens de la justice, préparez-vous,
Il vous faut venir avec moi, ce soir —

II

  Les gens de la justice disaient,
En arrivant dans la maison :
— Petite servante, préparez-vous,
Il vous faut venir avec nous, ce soir. —

  — Notre-Dame Marie de la Trinité,
Quel crime ai-je donc commis ;
Quel crime ai-je donc commis,
S’il me faut aller avec vous ! —
 
  La petite servante demandait,
En passant devant la porte de sa mère :
— Votre cœur est gai, puisque vous chantez,
Hélas ! celui de votre fille ne l’est pas. —

  — Ma fille chérie, dites-moi,
Qu’est-ce qui vous cause de la tristesse ! —
— Hélas ! ma mère, je ne le dirai pas,
Mais avant la fin on le saura.

  Je vous prie, ma mère et mon père,
D’aller pour moi au Folgoat,
Sans chaussure, sans bas, à pied,
Sur vos genoux nus, si vous pouvez résister. —

  — Et comment aller jusque-là ?
Je ne connais ni chemin ni sentier. —
— J’ai voué le prix d’une génisse d’un an,
Et vous serez conduite jusqu’à l’entrée du porche :

  Et en revenant, passez par Rennes,
Et votre cœur sera navré,
En voyant réduit en charbon et en cendres
Le petit cœur que vous avez mis au monde !

  Laissez votre lessive, jusqu’à jeudi,
Vous trouverez du charbon et de la cendre ;
Vous trouviez réduit en charbon et en cendres
Le cœur que vous avez mis au monde ! —

  — Ma fille, quel crime avez-vous commis,
Pour avoir été condamnée au feu ? —
— Hélas ! ma mère, je ne dirai rien,
Mais pour la fin on verra. —