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  — C’est grâce à la Sainte-Vierge,
Ma mère, que j’ai pu venir ici ;
Par la grâce de la Sainte- Vierge,
Qui s’est mise en ma place ! —

  — Ma fille, j’irai au Folgoat,
Sans chaussure, sans bas et à pied ;
Sans chaussure, sans bas et à pied,
Pour que la Vierge écoute votre demande ! —

III

  Le bourreau de Rennes disait,
Un jour, du haut de l’échafaud :
— Gens de la justice, arrêtez-vous,
Car vous ou moi nous nous sommes trompés ;

  Vous ou moi nous nous sommes trompés.
Car cette femme ne meurt pas !
J’ai été trois fois sur ses épaules.
Et elle ne fait que me sourire !

  Elle ne fait que me dire : encore une fois,
Pour faire plaisir aux spectateurs !
— Anne Cozic, dites-moi,
Qu’est-ce qui est cause que vous ne mourez pas ? —

  — Une petite colombe blanche est au-dessus de ma tête
Qui empêche la corde de m’étrangler ;
Notre dame du Folgoat
Me sert d’escabeau sous mes pieds !

  Anne fut otée de là.
Et on lui revêtit une chemise enduite de résine,
Puis on la jeta au milieu d’un grand feu :
Le feu s’est fendu en deux, en s’écartant d’elle !

  Anne Cozic disait
Ce jour là, entre deux hommes :
— Je vois venir la gouvernante,
Belle comme une princesse !

  Mettez-la à ma place et vous verrez
Si c’est elle ou moi qui a commis le péché ! —
Quand la gouvernante arriva dans la plaine,
Le feu s’élança dans son sein !

  — Notre dame de la Trinité,
Je ne suis pas punie la moitié assez ;
Je ne suis pas punie la moitié assez,
Et charger une autre de ma faute ! —
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Chanté par Garandel, surnommé compagnon l’aveugle,
Keramborgne, 1847.