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ANNE COZIC.
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I

  Dur eut été le cœur de celui qui n’eut pleuré,
S’il avait été en la ville de Rennes,
En voyant Anne Cozic
Allant en prison entre trois.

  Allant en prison entre trois,
Précédée d’un enfant dans un panier,
Et elle disait, tout en marchant :
— Cet enfant n’est pas à moi ! —

II

  Anne Cozic disait
Un jour à sa mère, auprès de la rivière :
— Ma pauvre mère, dites-moi,
Vous êtes à laver vos vêtements ! —

  — A laver mes vêtements, blancs comme la neige,
Que vous est-il arrivé de nouveau, ma fille ? —
— Ma pauvre mère, si vous m’en croyez,
Vous laisserez là vos vêtements ;

  Je suis venue vous prier, ma mère et mon père.
D’aller pour moi au Folgoat,
Sans chaussure, sans bas et à pied,
Pour que la Vierge exauce votre prière ;

  Au retour, vous reviendrez par Rennes,
Et vous verrez réduit en charbon et en cendres ;
Tous verrez réduit en charbon et en cendres,
Le petit cœur que vous avez mis au monde ! —

  — Et quel crime avez-vous commis.
Si je dois voir réduit en charbon et en cendres ;
Si je dois voir réduit en charbon et en cendres,
Le petit cœur que j’ai mis au monde ? —

  — La gouvernante de la maison
Où j’étais à servir ;
De la maison où j’étais à servir.
Était l’amie du maître ;

  Et pendant que je dormais dans mon lit,
Elle donna le jour à un enfant ;
Elle le mit avec moi dans mon lit,
Et fit chercher la justice, pour me prendre ;

  Elle fit chercher la justice pour me prendre,
Et on m’a renfermée dans la prison de Rennes. —
— Comment pouvez-vous être renfermée dans la prison de Rennes
Puisque vous êtes venue ici me voir ? —