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  Je m’étais vouée à Notre-Dame de Goulven,
Et elle a préservé mon cou contre la corde.
J’ai encore promis d’aller aux pardons
Du Guéodet, du Folgoat et de Sainte-Anne ;

  J’ai promis d’aller au Guéodet, au Folgoat, à Sainte-Anne,
Et j’ai aussi promis à monsieur saint Mathurin (de Moncontour) —
— Venez avec moi, Marguerite, venez sur ma haquenée,
Je vous conduirai à ces lieux, s’il plaît à Dieu ! —

  — Oh ! je ne serai pas portée, je n’irai même à pied.
Mais sur mes genoux, si mon cœur peut résister. —
. . . . . . . . . . . . . . . . . .
. . . . . . . . . . . . . . . . . .

  Dur eut été le cœur de celui qui n’eut pleuré
En voyant Marguerite Laurent aller au pardon,
Sur ses genoux nus, suivant une haquenée
Oui, dur eut été, bien dur, le cœur de celui qui n’eut pleuré ! (1)
. . . . . . . . . . . . . . . . . .


Chanté par le Petit Tailleur, au bourg de Plouaret, 1863.



(1) Une autre version se termine ainsi :

  Le jeune clerc disait, en arrivant au Folgoat :
— Marguerite est arrivée, dit-il, au Folgoat ;
Marguerite est arrivée, dit-il, au Folgoat,
Je vois les traces de ses genoux sur les pierres tombales et dans le bois !

  Sans clef, ni personne pour les ouvrir, s’ouvraient les portes,
Et les cloches sonnaient d’elles-mêmes ! ~
Marguerite disait, auprès du grand autel :
— J’ai fait tous mes tours (pêlerinages), si ce n’est à Saint-Gildas ;

  J’ai fait tous mes tours, si ce n’est à Saint-Gildas,
Où j’ai promis d’aller encore avant de mourir …



avoir obtenu préalablement de son père et de sa mère qu’ils continueront leur pèlerinage, ce qu’ils font en effet. Mais à leur retour, ils retrouvent leur fis encore vivant, et qui les console, en leur disant, d’un air content, qu’il les attendait patiemment depuis six semaines. Quoique je ne puisse pas me plaindre, dit-il, d’être fatigué, et que mon cou ne me fasse pas le moindre mal, allez trouver l’alcade, ce juge si prompt à juger injustement, et dites-lui que saint Jacques de Compostelle m’a sauvé, et qu’il faut enfin me descendre du gibet. Or, l’alcade venait de s’asseoir à table, et commençait son dîner. Il levait déjà le couteau sur le plat de rôti. Dans ce plat étaient deux volailles, un coq et sa poule fidèle, qui le matin encore chantaient dans sa basse-cour. L’alcade refuse de croire que Santiago fasse ainsi des miracles en faveur d’un Français et d’un voleur. « Je croirais aussi aisément, dit-il, que ce coq et cette poule pourraient revenir à la vie ! » Soudain le coq se lève, et chante, et sort du plat, suivi de sa poule !

Dans le Barzaz-Breiz, cet épisode se trouve dans la pièce qui a pour titre Notre-Dame du Folgoat (p. 272, 6e édit.), et qui correspond aux trois pièces qui vont suivre, Annaik Kozik, Fransesa Kozik et Ann aotro ar Gerwenn.