Oh ! oui, s’il entendait vos paroles,
Il vous broierait tous les membres ! —
— Jeune fille, dites-moi,
Avez-vous connu votre frère ? —
— Sauf votre grâce, hélas ! je ne l’ai pas connu.
Car j’étais trop jeune quand il partit ;
J’étais trop jeune, dans mon toutou (berceau),
Quand mon frère quitta le pays.
J’étais toute jeune, dans mon berceau.
Quand mon frère chéri alla à la guerre ;
J’étais encore bien jeune,
Quand mon frère quitta la maison de mon père. —
— Jeune fille, dites-moi,
Voudriez-vous le revoir ? —
— De tout mon cœur, je le demande.
Je voudrais qu’il fût ici ! —
— Laissez aller votre battoir sur l’eau.
Et votre savon au courant ; [1][1]
Laissez votre savon aller à sa suite,
Et venez dans les bras de votre frère !
Votre marâtre m’avait dit
Que vous étiez fille à deux liards ;
Que vous étiez fille à deux liards.
Et je vois clair à présent que vous ne l’êtes pas ! —
Dur eut été le cœur de celui qui n’eut pleuré,
Etant auprès de l’étang,
En voyant le frère et la sœur
S’embrasser avec douleur (avec bonheur) ;
S’embrasser avec bonheur,
Et tomber ensemble à terre !
- ↑ [1] Les chanteurs prononcent presque tous dinamour ou diamour ; mais
ces mots sont une corruption évidente pour dinaoudour, composé de dinaou,
pente, et de doûr, eau, courant de l’eau.