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LE FRÈRE & LA SŒUR.
PREMIÈRE VERSION.
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Écoutez tous, et vous entendrez
Une chanson nouvellement composée ;
Elle a été faite à un jeune soldat,
Qui était parti pour l’armée.

Il était parti pour l’armée.
Et son père s’est remarié…
Quand son temps fut achevé,
Il retourna à la maison.

— Bonjour et joie dans cette maison,
Où est la fille aînée ;
La fille aînée de cette maison,
Qui avait nom Marianne ? —

— Elle est allée là-bas à l’étang,
Allez la rejoindre, jeune soldat ;
C’est la fille aux deux liards (1)[1],
Demandez, vous ne serez pas refusé —

— Mais comment aller à l’étang,
Car jamais je n’y ai été ? —
— Descendez l’avenue verte,
Et vous entendrez le bruit de son battoir :

Descendez la large avenue,
Elle vous conduira près de l’étang. —
— Bonjour à vous, jeune fille qui lavez !
Vous lavez blanc, il me semble ?

Vous lavez blanc, vous tordez roide,
Voudriez-vous me laver mon gilet ? —
— Je ne lave pas blanc, je ne tords pas roide,
Je ne vous laverai point votre gilet. —

— Charmante jeune fille, dites-moi,
Voulez-vous me prêter des deux liards ?
— Oh ! sauf votre grâce, excusez-moi,
Je ne suis pas la fille aux deux liards ;

Je ne suis pas la fille aux deux liards,
Pas davantage la fille aux sols :
J’ai un frère chéri en pays lointain,
Et s’il entendait vos raisons,

  1. (1) Fille de mauvaise vie.