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III

  — Bonjour à vous, mon frère, je vous souhaite le bonjour !
Où est ma femme, que je ne la vois ? —

  — Elle est dans la chambre, avec mes demoiselles,
Quand elle descendra pour souper, alors vous la verrez , mon frère. —

  — Tu mens, mon frère, au milieu de tes yeux !
Ma femme est sur la lande, à garder les moutons !

  Approchez-vous, bergère, venez vous chauffer,
Car à votre pâleur, je crois que vous êtes malade. —

  — Sauf votre grâce, dit-elle, sauf votre grâce, je n’irai point,
Voilà sept ans que je ne me suis chauffée dans cette maison ;

  Je passais toutes mes nuits à l’étable, avec mes moutons,
Et c’est dans l’auge aux pourceaux qu’on me donnait à manger! —

  — Quand je partis pour l’armée, tu m’avais dit
Que tu la mettrais en chambre avec tes demoiselles ;

  Que tu la mettrais en chambre avec tes demoiselles,
Et tu l’as envoyée garder tes moutons sur la lande !

  N’était le respect que j’ai pour la maison de ma mère et de mon père,
J’aurais à l’instant lavé mon épée dans ton sang ! —


Chanté par Jeanne Le Gall, servante à Keramborgne. — 1849.
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