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  Quittez votre robe rouge et mettez votre robe blanche,
Pour aller sur la lande garder les moutons ![1]

  Pendant sept ans, environ, elle ne fit que pleurer ;
Les sept ans accomplis, elle commença à chanter.

  Un jeune gentilhomme, qui revenait de l’armée,
Entend sa voix qui chantait gaiment sur la lande :

  — Arrête, mon petit page, tiens la tête de mon cheval,
Pour que j’écoute la voix qui chante sur la lande ;

  Pour que j’écoute la voix qui chante sur la lande,
Voici sept ans que je n’entendis cette voix ! —

  — Bonjour à vous, bergère, gardeuse de moutons,
Je ne sais comment vous pouvez conserver là votre virginité ? —

  — Si, certainement, dit-elle, grâce à Dieu,
(Je la conserve) à un jeune gentilhomme, qui est à l’armée ;

  A un jeune gentilhomme, qui est à l’armée,
Et qui a des cheveux blonds, semblables aux vôtres. —

  — S’il a des cheveux blonds, semblables aux miens.
Prenez garde, bergère, que ce ne soit moi-même. —

  — Pour être dans la lande, à garder les moutons,
Je suis la grande dame du manoir du Faouet. —

  — Si vous êtes la grande dame du manoir du Faouet,
Dites-moi, bergère, si j’y serai logé ? —

  — Oui certainement, dit-elle, vous serez bien logé,
Et (vous aurez) une belle écurie pour mettre vos chevaux :

  Une belle écurie pour mettre vos chevaux.
Et un bon lit de plume pour vous coucher.

  Moi, je couche à l’étable, avec mes moutons.
Et c’est dans l’auge aux pourceaux qu’on me donne à manger[2].

  1. (1) Variante.

    — Si vous n’avez pas l’habitude, vous la prendrez ;
    J’ai ici un fouet de cuir, qui vous fera marcher ;

    J’ai ici un fouet de cuir, tressé en trois branches.
    Et qui vous fera marcher, malgré vous ! —

  2. (2) variante.

    — Or ça, bergère, rassemblez vos moutons,
    Pour aller tous les deux ensemble au manoir du Faouet. —

    — Sauf votre grâce, gentilhomme, je ne ferai pas cela.
    Car le soleil est encore haut et je serais blâmée ;

    Le soleil est encore haut, et je serais blâmée,
    Et vous seriez cause que je serais battue.

    C’est dans l’étable aux moutons que je couche.
    C’est dans l’écuelle du chien qu’on me trempe ma nourriture !