Je vous prie, chrétiens, de me prêter votre silence
Et d’écouter un cantique qui est de conséquence ;
C’est la vie d’une femme que j’ai entrepris
D’exposer ici en breton. [1][1]
Considérez tous les grenouilles d’eau douce,
Chantant tous les jours avec leurs voix triomphantes,
Et disant à tous, dans le monde entier,
De se convertir, que le jugement arrive !
Celle-ci est une femme de haute lignée,
Oui a quitté noblesse et qualité ;
Elle a quitté noblesse et qualité,
Pour venir chez sa tante garder les moutons.
Celle-ci est une femme de haute lignée,
Qui chaque jour chantait à ses moutons, dans la montagne :
Chaque jour elle chantait à ses moutons, dans la montagne,
Des cantiques en l’honneur de Dieu et de la Sainte- Vierge.
Un jeune cavalier qui revenait de l’armée,
A entendu sa voix chantant dans la montagne,
Et il a dit a son garçon d’aller lui parler,
Pour savoir qui chantait de la sorte.
— Bonjour, jeune fille, qui chantez si gaiment !
Ce n’est pas vous qui devriez être avec ces moutons.
Là-bas, sur la grande route, il y a un jeune cavalier,
Qui a entendu votre voix, si belle, si ravissante ;
Et il m’a dit de venir jusqu’ici.
Car il désire beaucoup que vous veniez lui parler.
Mon maître est un bel homme, qui a de l’or et de l’argent.
Et il sait rendre contents ceus qui lui plaisent. —
— Sauf votre grâce, monsieur, votre adresse est bonne,
Et pourtant elle ne ressemble pas à vos habits ;
Vos habits sont beaux, magnifiquement dorés,
Et vous, vous semblez être un enjôleur de filles.
Pour être sur la lande à garder les moutons,
Je ne vais pas ainsi à la suite des Français ;
Pour être sur la lande à chanter,
Je ne vais pas ainsi à la suite des passants. —
- ↑ [1] Ce premier couplet m'a tout l’air d'une formule moderne appliquée à une vieille chanson, un de ces lieux communs qu'on rencontre fréquemment dans les productions contemporaines.