Le roi de Brest, après avoir vainement imploré l’assistance de sa fille aînée et de la cadette, comme dans la première leçon, arrive chez Henori, qu’il a chassée de son pays, et privée de ses biens.
— Demad d’ac’h, ma merc’h Henori,
Pe tiegez eo ho hini ? —
— Leell ma zad, gwelet a reï,
Dour ha bara en ha reket ;
Dour ha bara eo ha reket,
Hag ann douar ien da gousket ;
Hag ann douar ien da gousket ;
Ha da bluëk ur men kalet ! —
— He ’zo klanvet gant ur c’hlenved
Hag a zo diremed meurbed,
Ma lavar d’in ar brofeled,
M’am be ur vron werc’h venniac’het —
— Kommerret skabel, azezel,
Ho sikour, ma zad, ’zo dleet. —
Ma ’z ia Henori d’ann daoulinn,
D’ zispaka d’hi zad hi feutrinn.
Pe oa ar peutrinn dispaket,
Ur serpant gant-ban ’zo lampet ;
Ur serpant gant-han ’zo lampet,
Ha bron Henori ’n eus troc’het !
Neuze kerkent ’tiskenn un el,
En he zorn gant-han ur vron sklezr :
En he zorn gant-han ur vron sklezr,
’Zervij de c’holou, d’ ganteler.
— Bonjour à vous, ma fille Henori,
Quel est votre ménage ? —
— Ma foi, mon père, vous le voyez,
Du pain et de l’eau à votre disposition ;
Du pain et de l’eau à votre disposition
Et la terre froide pour coucher ;
Et la terre froide pour coucher.
Et une pierre dure pour oreiller ! —
— Je mis en proie à une maladie
Qui est sans merci.
Et les prophètes me disent que
Si j’avais un sein vierge, je guérirais.—
— Prenez un escabeau et asseyez-vous.
Mon devoir est de vous secourir, mon père. —
Et Henori se met à genoux
Et découvre sa poitrine à son père.
Quand sa poitrine fut découverte,
Un serpent se précipita dessus ;
Un serpent se précipita dessus,
El coupa le sein d’Henori !
Aussitôt descend un ange,
Portant à la main un sein lumineux ;
Portant à la main un sein lumineux ,
Qui sert de lumière et de chandelier !
Quand Henori eut erré pendant sept ans sur la mer, dans un tonneau de sureau vert (skao-glaz), dit cette leçon, le prince Efflam se mit à sa recherche.
Pa oa ar seiz bloaz ac’huet.
’R prinz Efflamm d’hi c’hlask a zo et,
Ar prinz Efflamm a c’houlenne
Euz ’r verdedi, pa dremene :
— Merdedi, d’in-me lavaret,
N’oc’h euz gwelet tonnel a-bed ? —
— Na ouzomp doare da hini,
Met hini santes Henori ;
Met hini santes Henori,
Advokades d’ar merdedi ;
Ter fourdelizenn ekselant
’Zo war galon hi inosant ;
’Zo war galon hi inosaot ;
Mar na ve roue, ’vezo sant !…
— Demad d’ac’h, m’ fried Henori,
C’hui ’zo ’n graz Doue, me n’on mui.
Diwar ma zreid ’on dizec’bet,
Ha bleo diwar ma fenn ’zo et ;
Ma bleo diwar ma fenn ’zo et,
Ma mamm ’zo et gant ’nn drouk-speret ! —
Quand les sept ans furent accomplis,
Le prince Efflam se mit à sa recherche.
Le prince Efflam demandait
Aux matelots, en passant :
— Matelots, dites-moi,
— N’avez-vous pas rencontré un tonneau ?
— Nous n’en connaissons aucun,
Si ce n’est celui de sainte Henori ;
Si ce n’est celui de sainte Henori,
La protectrice des matelots :
Trois fleurs de lys excellentes
Sont sur le cœur de son innocent ;
Sont sur le cœur de son innocent,
S’il n’est roi, il sera saint !
— Bonjour à vous, ma femme Henori,
Vous êtes en la grâce de Dieu, moi, je ne le suis plus.
Je suis desséché sur mes pieds,
Et les cheveux me sont tombés de la tête ;
Les cheveux me sont tombés de la tète.
Et le diable a emporté ma mère ! —
Il y a quelque analogie entre cette pièce et la Tour d’Armor du Barzaz Breiz (page 490, 6e édition).