Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/163

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

L’ENFANT DE CIRE.
PREMIÈRE VERSION.
________


I

  Si voulaient les habitants de Tréguier
Tenir bien close la porte de leur église,
Un enfant de cire n’y aurait pas
Eté baptisé au clair de la lune.

II

  La nourrice demandait,
Un jour à monsieur de Penfeunteun :
— Dites-moi, s’il vous plaît.
D’où vous revenez ! —

  — Je reviens de la grande rue,
Je reviens d’acheter une robe de satin bleu,
Brodée tout autour avec du fil d’argent,
Pour ma penhérès[1], la charmante fille. —

  — Si vous entendiez ce que je sais, moi,
Jamais elle ne mettrait cette robe ;
Jamais elle ne mettrait cette robe,
Ni vos yeux ne la reverraient.

  Votre fille a fait un enfont de cire.
Pour vous faire partir de dessus la terre ;
Elle a fait un enfant de cire,
Pour vous envoyer promptement au cimetière !

   Elle l’a porté neuf mois entiers
Entre sa chemise et sa jupe ;
Elle l’a porté pendant neuf mois
Entre sa jupe et sa chemise. —

  Le vieux monsieur, entendant cela.
Est accouru vite à la maison :
— Ma fille, donnez-moi vos clefs.
Pour que les mauvaises langues soient confondues ! -

  La penhérès, à ces mots.
Est tombée trois fois à terre ;
Trois fois à terre elle est tombée,
Et sa marUtre l’a relevée ;

  Sa marâtre l’a relevée
Et lui a parlé ainsi : ~
— Donnez vos clefs à votre père,
Pour que les mauvaises langues soient confondues. -

  1. (1) Penn-hérès, fille unique.