Mathurine Troadec disait
En mettant le pied sur l’embarcation neuve :
— Adieu à vous tous, gens de mon pays,
Je vais entrer dans ma mort ! —
Mathurine Troadec disait,
Quand l’embarcation penchait sur le côté :
— Récitez tous vos chapelets,
Et moi, je vais réciter les vêpres ;
Moi je vais réciter les vêpres,
Car l’embarcation va chavirer !
Je vois ma mère dans son jardin,
Qui coupe des choux pour son souper ;
Si Dieu exauce ma prière,
Jamais plus elle ne coupera de choux ;
Jamais plus elle ne coupera de choux,
Car c’est elle la cause que je perds la vie !
Monsieur saint Mathurin de Moncontour,
Vous êtes le maître du vent et de l’eau ;
Monsieur saint Mathurin de Moncontour,
Tenez mon enfant au-dessus de l’eau ;
Sauvez la vie à mon enfant,
Et conduisez le au rivage ! —
Dur eut été le cœur de celui qui n’eut pleuré
Sur le rivage de Saint-Jean,
En voyant un enfant de dix-huit mois
Sur une planche dans la grève de Saint-Jean du Doigt ;
Il portait une robe de satin blanc,
Pour montrer qu’il était le fils d’un marquis (1)
Mathurine Troadec a été retrouvée
A dix-huit brasses, au fond de la mer ;
Elle tenait à la main une branche de varech vert ;
Elle voulait encore sauver sa vie !
[1] S’agirait-il ici du fameux marquis de Lomaria, dont le château de Guérande n’est pas bien loin de Saint-Jean du Doigt, et qui est le sujet d’un grand nombre de chants et de traditions populaires dans le pays ?
Je crois qu’il n’y a aucune corrélation entre celle pièce et la précédente.
Saint-Mathurin de Moncontour est encore un des lieux de pèlerinage les plus fréquentés de la Bretagne.