La procession est venue la prendre,
Et son cœur s’est brisé !
Que Dieu pardonne à son âme,
Son pauvre corps est sur les tréteaux funèbres [1][1] !
Elle est ensevelie et mise au tombeau,
Et la bénédiction de Dieu soit sur son âme[2] !
Plouaret, 1847.
Mathurine Troadec disait
A son père et à sa mère, un jour :
— Mon père, et ma mère, si vous m’aimez,
Vous ne m’enverrez pas au pardon de Saint-Jean ;
Mon esprit me donne à croire
Que si je vais sur la mer, je serai noyée. —
— Le trouve mauvais qui voudra,
Vous irez au pardon de Saint-Jean ;
Vous irez au pardon de Saint-Jean du Doigt,
Pour faire voir son fils au marquis. —
— Viens, mon enfant, que je t’habille,
Car jamais plus je ne te déshabillerai !
Je vais mettre mon corset,
Et le lacer avec un ruban ;
Je vais mettre ma robe blanche,
Et mon tablier de taffetas jaune ;
Mon tablier de taffetas jaune,
Jamais plus je ne l’oterai !
Adieu, mon mari, et tous les gens de la maison,
Car jamais plus je ne vous reverrai ! —
- ↑ [1] Ce mot est composé de maro et de skaonv, mortis scamnum, mot à mot : escabeau de la mort, tréteaux funèbres.
- ↑ (1) Ces quatre derniers vers sont une formule qu’on rencontre fréquemment dans nos chants populaires, et que le chanteur ajoute souvent de sa propre
autorité. L’auditoire y répond ordinairement : Amen !