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  La procession est venue la prendre,
Et son cœur s’est brisé !

  Que Dieu pardonne à son âme,
Son pauvre corps est sur les tréteaux funèbres [1][1] !

  Elle est ensevelie et mise au tombeau,
Et la bénédiction de Dieu soit sur son âme[2] !


Chanté par François Le Roy, laboureur, 70 ans.
Plouaret, 1847.


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MATHURINE TROADEC.
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I

  Mathurine Troadec disait
A son père et à sa mère, un jour :

  — Mon père, et ma mère, si vous m’aimez,
Vous ne m’enverrez pas au pardon de Saint-Jean ;

  Mon esprit me donne à croire
Que si je vais sur la mer, je serai noyée. —

  — Le trouve mauvais qui voudra,
Vous irez au pardon de Saint-Jean ;

  Vous irez au pardon de Saint-Jean du Doigt,
Pour faire voir son fils au marquis. —

  — Viens, mon enfant, que je t’habille,
Car jamais plus je ne te déshabillerai !

  Je vais mettre mon corset,
Et le lacer avec un ruban ;

  Je vais mettre ma robe blanche,
Et mon tablier de taffetas jaune ;

  Mon tablier de taffetas jaune,
Jamais plus je ne l’oterai !

  Adieu, mon mari, et tous les gens de la maison,
Car jamais plus je ne vous reverrai ! —

  1. [1] Ce mot est composé de maro et de skaonv, mortis scamnum, mot à mot : escabeau de la mort, tréteaux funèbres.
  2. (1) Ces quatre derniers vers sont une formule qu’on rencontre fréquemment dans nos chants populaires, et que le chanteur ajoute souvent de sa propre
    autorité. L’auditoire y répond ordinairement : Amen !