Page:Luzel - Gwerziou Breiz-Izel vol 1 1868.djvu/14

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
II
PRÉFACE

Ce recueil est le second qui a été publié jusqu’à ce jour sur la poésie populaire des bretons-armoricains (1)[1]. Le premier, tout le monde le sait, c’est le Barsaz-Breiz, de M. de la Villemarqué. Mais ce livre si répandu et connu dans toute l’Europe, est insuffisant pour donner une idée complète et bien exacte de notre poésie vraiment populaire. D’ailleurs, l’auteur n’a jamais eu la prétention d’y renfermer tous les Gwerz et les Sônes nés sur notre poétique terre de Breiz-Izel, et dont la plupart s’y chantent encore. On peut dire, sans exagération, des chants du peuple, en Basse Bretagne, ce que La Fontaine disait de l’Apologue :

Mais ce champ ne se peut tellement moissonner,
Que les derniers venus n’y trouvent à glaner.

Le recueil de Gwerziou Breiz-Izel ne vient donc pas faire double emploi avec le Barzaz-Breiz, ni même le compléter. Cela tient, en grande partie, à ce que la méthode que j’ai suivie diffère essentiellement de celle de M. de la Villemarqué. Le savant éditeur du Barzaz Breiz a fait, de l’aveu de tout le monde, un livre charmant, plein d’intérêt et de poésie, et qui est déjà classique ; mais, il faut bien le dire aussi, c’est une œuvre plus littéraire qu’historique, où l’auteur ne s’est pas assujéti à toutes les exigences de la critique et de la philologie envisagées comme des sciences exactes. Pour moi, c’est un but tout opposé que je me suis proposé d’atteindre, partant de ce principe, que la poésie populaire est véritablement de l’histoire, de l’histoire littéraire, intellectuelle et morale, tout au moins, et qu’à ce titre, il n’est permis d’en modifier, en aucune façon, ni l’esprit ni la lettre.

Cette publication, que je prépare depuis plus de vingt ans, contiendra donc les chants populaires de la Basse Bretagne, tels absolument que je les ai trouvés dans

  1. (1) Je n’ignore pas que Cambry et surtout E. Souvestre ont aussi inséré des poésies populaires dans leurs publications ; mais ils n’ont pas donné les textes bretons, et d’ailleurs nos anciennes chansons se trouvent chez eux tellement arrangées et remaniées, qu’on ne peut les considérer comme de véritables poésies populaires.