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LA PETITE MINEURE.
PREMIÈRE VERSION.
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I

J’étais une enfant toute jeune encore.
Quand moururent mon père et ma mère.

Je fus obligée de mendier mon pain,
Car je n’étais pas capable de le gagner.

On m’abandonna sur le grand chemin,
Sur le grand chemin, pour chercher ma vie.

Comme je marchais dans un chemin creux,
Je rencontrai des gens de bonne mine ;

Je rencontrai un monsieur et une dame,
Etant descendue dans un chemin creux ;

Et le monsieur dit à la dame :
— Voilà une enfant qui a bonne mine ;

Prenons-là avec nous dans notre maison.
Et traitons-la comme notre propre enfant. —

II

Quand j’eus été dix-huit mois dans leur maison.
On me fit un habit neuf :

J’étais entretenue, habillée
Et nourrie comme chacun d’eux.

Quand j’eus été dix-huit ans dans leur maison,
(J’avais alors vingt-trois ans)

Mon maître dit à ma maîtresse :
— Il est temps de marier la mineure.

Lui donner la noblesse des Fontaines,
La plus belle noblesse du pays ;

La plus belle noblesse du pays.
Avec une partie de nos biens. —

Et ma maîtresse dit alors :
— La mineure ne sera pas mariée ;

La mineure ne sera pas mariée.
Jusqu’à ce qu’elle ait été avec nous au pardon de Sainte-Agnès ;

Chaque année elle vient avec nous au pardon,
Parce qu’elle est une honnête fille —

En arrivant dans le bois,
Ma maîtresse fut prise de sommeil :