Deuil le soir et le matin,
Et carillon à midi ;
Et faites aussi que je les entende,
Dussé-je en être éloigné de cinq cents lieues ! —
Garan Le Briz disait
Un jour, au milieu de l’armée :
— Arrêtez, mon capitaine, arrêtez un peu.
J’ai entendu les cloches de Cavan ! —
— Et comment pourrais-tu les entendre,
Puisque tu en es à cinq cents lieues ? —
— Mettez votre pied sur le mien,
Et vous les entendrez comme moi. —
Il a mis son pied sur le sien.
Et a entendu les cloches de Cavan.
Son capitaine disait
A Garan Le Briz, sur la place :
— Je te signe ton congé, Garan,
Pour aller faire un tour chez toi. —
Garan Le Briz disait
En arrivant près des fontaines de Cavan :
— Qu’y a-t-il de nouveau ici,
Que les cloches sonnent ainsi ? —
— Voilà trois jours et trois nuits
Qu’elles sonnent le deuil, jour et nuit ;
Elles sonnent le deuil, jour et nuit.
Sans qu’il y ait chrétien né autour d’elles !
Deuil le soir et le matin.
Et carillon à midi ! —
Garan Le Briz disait.
En passant sous la fenêtre du lit de sa mère :
— Dieu ! ma mère est morte.
Puisque je ne vois sa tête à la fenêtre de son lit ;
Puisque je ne la vois à la fenêtre de son lit.
Pour voir de quel côté j’arriverai ! —
Garan Le Briz disait.
En arrivant au presbytère de Cavan :
— Donnez-moi mes clefs. —
— Où vous les aviez mises, vous les retrouverez.