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Deuil le soir et le matin,
Et carillon à midi ;

Et faites aussi que je les entende,
Dussé-je en être éloigné de cinq cents lieues ! —

IV

Garan Le Briz disait
Un jour, au milieu de l’armée :

— Arrêtez, mon capitaine, arrêtez un peu.
J’ai entendu les cloches de Cavan ! —

— Et comment pourrais-tu les entendre,
Puisque tu en es à cinq cents lieues ? —

— Mettez votre pied sur le mien,
Et vous les entendrez comme moi. —

Il a mis son pied sur le sien.
Et a entendu les cloches de Cavan.

Son capitaine disait
A Garan Le Briz, sur la place :

— Je te signe ton congé, Garan,
Pour aller faire un tour chez toi. —

V

Garan Le Briz disait
En arrivant près des fontaines de Cavan :

— Qu’y a-t-il de nouveau ici,
Que les cloches sonnent ainsi ? —

— Voilà trois jours et trois nuits
Qu’elles sonnent le deuil, jour et nuit ;

Elles sonnent le deuil, jour et nuit.
Sans qu’il y ait chrétien né autour d’elles !

Deuil le soir et le matin.
Et carillon à midi ! —

Garan Le Briz disait.
En passant sous la fenêtre du lit de sa mère :

— Dieu ! ma mère est morte.
Puisque je ne vois sa tête à la fenêtre de son lit ;

Puisque je ne la vois à la fenêtre de son lit.
Pour voir de quel côté j’arriverai ! —

Garan Le Briz disait.
En arrivant au presbytère de Cavan :

— Donnez-moi mes clefs. —
— Où vous les aviez mises, vous les retrouverez.