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La Sainte-Vierge entre dans la maison,
Précédée de sept cierges :
Elle place les cierges sur la table,
Et se rend près du berceau :

La pauvre veuve demandait,
Appuyée sur son coude, dans son lit :
— Qu’y a-t-il là, à cette heure de la nuit.
Quand je repose dans mon lit ? —

— C’est moi, veuve, la Sainte-Vierge,
Qui viens de la part de Dieu, mon fils,
Pour vous empêcher de tuer vos enfants.
Car vous aurez du pain à leur donner ;

Vous aurez du pain à leur donner,
Et vous en aurez aussi pour vous-même.
Le blé que votre propriétaire ensemença ce matin.
Sera mûr avant le jour. —

— Du seigle mûr à Noël !
Jamais personne n’a vu pareille chose. —
— Allez au champ et coupez-le.
Puis vous rapporterez sur l’aire et le battrez.

Portez-le ensuite au four, pour cuire ;
Et quand le pain sera cuit.
Portez-en un morceau au propriétaire, pour goûter,
Mais ne lui en portez pas beaucoup ;

Ne lui en portez pas beaucoup.
Car ce sera la son dernier morceau ! —
— Tenez, maître, un morceau de pain,
Fait avec du seigle nouveau de cette année ! —

— Et quand tu me le dirais éternellement,
Que c’est du pain nouveau que tu m’offres ;
Que tu m’offres du pain nouveau.
Non, jamais je ne te croirai.

Page, page, mon petit page,
Toi qui es alerte et vif.
Prépare moi ma haquenée,
Je veux savoir la vérité. —

Arrivé sur l’aire de la veuve
Il a vu le blé en meules
La terre s’est entr’ouverte sous ses pieds,
Et il est tombé au milieu du puits de l’enfer !

Dur eut été le cœur de celui
Qui n’eut pleuré, sur l’aire de la veuve,
En voyant encore l’homme brutal
Levant la tête hors de la terre ;