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LA VEUVE PAUVRE
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S’il vous plaît, vous écouterez
Un gwerz nouvellement composé ;
Il a été fait à une jeune veuve,
Dont le mari est mort dernièrement.

Le mari est mort dernièrement,
Et sa veuve va mendier par le pays ;
Il lui faut aller mendier son pain, cette année,
Et elle va chez son propriétaire.

— Au nom de Dieu, un morceau de pain ;
Je n’ai rien mangé de la journée,
Et j’ai à la maison trois enfants,
Et rien à leur donner ! —

— Si tu as trois enfants,
Retourne à la maison et tues-en un ;
Retourne à la maison et tue un des trois,
Pour donner aux autres à manger ! —

La pauvre veuve s’en retourne chez elle,
Comme une femme désespérée ;
La pauvre veuve s’en retourne chez elle,
Dans l’intention de tuer son enfant.

— Au nom de Dieu, mère, un peu de pain !
Nous n’avons rien eu de la journée ;
Nous n’avons rien eu de la journée.
Et notre cœur est prêt de défaillir ! —

— Et d’où pourrais-ie vous donner du pain ?
Il n’y en a pas le moindre morceau dans la maison !
Il n’y en a pas le moindre morceau dans la maison.
Je vais vous tuer avec mon couteau ! —

Un jeune enfant était dans la maison.
Agé de deux mois, pas encore trois.
Et il a sauté de son berceau,
Et s’est mis à genoux devant sa mère.

Miracle ! et il s’est mis à parler :
— Au nom de Dieu, mère, ne nous tuez point.
J’irai dans l’année chercher mon pain.
Là où jamais vous ne me verrez ! —

La pauvre veuve se met au lit,
Etonnée de le voir parler ainsi ;
Elle s’endort dans son lit,
Et la Sainte-Vierge entre dans la maison :