Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/410

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une bonne prise, et qui étaient venus partager leur butin sous l’arbre. Il faisait un beau clair de lune. Mais, ils ne s’entendaient pas, et de là tout ce bruit et ces jurons. Jeanne avait si grand peur que… elle leur fit croire qu’il pleuvait.

— Voilà qu’il pleut, dit un des brigands, hâtons-nous d’en finir.

Puis, Jeanne fit tomber sur eux quelque chose de moins liquide et de plus odorant, et, s’étant portée brusquement à un angle de la porte, celle-ci perdit l’équilibre, et Jean et Jeanne et la porte dégringolèrent, de branche en branche, avec un grand fracas, et vinrent tomber au milieu des brigands. Ceux-ci, croyant avoir à leurs trousses tous les diables de l’enfer, déguerpirent, au plus vite, abandonnant sur place leur or et leur argent.

Jean et Jeanne en remplirent leurs poches, et, au lieu de continuer leur route aventureuse, ils s’empressèrent de retourner à la maison.

Chemin faisant, Jeanne dit à Jean :

— Eh bien ! Jean, crois-tu encore que j’avais si mal fait d’emporter la porte ? Et diras-tu encore que je suis bête ?

Ils étaient riches, à présent, et ils achetèrent une belle ferme et firent bâtir une belle maison, la plus belle du pays. Ils donnaient l’aumône à tous les mendiants qui se présentaient au seuil de