— Il ne faut pas baptiser l’enfant, mais, faites-le mourir sur-le-champ, de peur qu’en le laissant vivre, il ne ressemble à son père.
Ce qui fut fait.
Après quoi, le peuple dit encore :
— Il faut baptiser la couleuvre, qui a tué le tyran, car il doit y avoir là-dessous de la magie ou de la sorcellerie.
Mais les prêtres se refusaient à donner le baptême à une couleuvre.
Si le maître du château avait tué Lévénès, comme c’était son intention, c’aurait été sa douzième, et en tuant douze, il en aurait tué vingt-quatre, car toutes étaient enceintes, et il serait devenu sorcier ; mais Dieu ne le permit pas.
Cette fin paraît incomplète et altérée, il semble que la couleuvre devait être baptisée, et, en recouvrant la forme humaine, perdue sans doute par le maléfice de quelque magicien, devenir une belle jeune fille, sinon une princesse. L’enfant aussi ne devait pas être mis à mort.
Dans Straparole, où se trouve le même conte, avec de grandes différences (Nuit III, fable 3), au moyen de simples recueillis dans le bois où avait été abandonnée Blanchebelle, par ordre de sa marâtre, qui lui avait fait couper les poignets et arracher les yeux, la couleuvre rend à la martyre ses mains et la vue, et devient elle-même une belle princesse.
Rapprocher la seconde partie de ce conte de la première partie du Prince turc Frimalgus, dans notre premier volume, page 25.