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descendaient tous les quatre au milieu de la cour du palais du roi de France, au moment où le cortège, en grand deuil, se disposait à se rendre à l’église. Jugez de l’étonnement que produisit une apparition si inattendue ! — Que signifie ceci ? demandait-on. Puis, on courut au prince pour l’embrasser. Il se laissait volontiers embrasser par les hommes ; mais, il repoussait les femmes et les jeunes filles, ce qui les mécontentait beaucoup. Une jeune cousine s’approcha de lui, par derrière, lui sauta au cou et lui déroba un baiser. Hélas ! c’était assez. Un beau carrosse descendit aussitôt du ciel ; le Corps_sans-âme s’y trouvait, en sortit son bras droit, saisit la princesse, la plaça à ses côtés, puis, le carrosse s'éleva en l’air, si haut, si haut, qu’on ne le vit bientôt plus. Personne ne savait ce que cela signifiait, si ce n’est le prince, qui ne le savait que trop bien, hélas ! Il se mit à se désoler, pleurant, criant, s’arrachant les cheveux. C’est en vain qu'on essayait de le consoler, il n’écoutait personne. Il fit ses adieux à ses parents et à ses amis, qui s’empressaient autour de lui et leur dit qu’il ne cesserait de marcher, ni le jour, ni la nuit, jusqu’à ce qu’il eût retrouvé la princesse sa fiancée. Ce fut en vain que son père et sa mère le supplièrent de rester avec eux, s’attachant à ses habits et lui disant qu’ils mourraient de dou-