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étonné de voir le cadavre d’un homme livré en pâture à un troupeau de chiens. Il demanda ce que cela signifiait, et apprit que cet homme avait beaucoup de dettes, et qu’après sa mort, son corps avait été livré en pâture aux chiens, selon la coutume du pays, à l’égard de ceux qui mouraient insolvables. Iouenn eut pitié de ce pauvre mort et dit :

— Chassez les chiens ; je paierai ses dettes et lui ferai rendre les derniers devoirs.

On arracha le cadavre aux chiens, et Iouenn fit publier par la ville que tous ceux à qui cet homme devait quelque chose n’avaient qu’à venir le trouver et ils seraient payés.

Il se présenta beaucoup de monde, et il lui fallut une grande somme d’argent pour les désintéresser tous ; puis, quand personne ne réclama plus rien, le cadavre fut enseveli et mis en terre avec les honneurs convenables.

Quelques jours après, Iouenn Kerménou remit à la voile, pour revenir dans son pays, avec le peu d’argent qui lui restait, et sans acheter d’autres marchandises. Comme il était en mer avec ses matelots, ils aperçurent un navire tout tendu de noir :

— Que signifie ceci ? se demandèrent-ils ; il faut aller voir.

Et ils se dirigèrent vers le navire tendu de