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une ruade qui détacha des flancs de celui-ci trois peaux de bœufs, lesquelles tombèrent à terre. Le combat continua et devint bientôt furieux, au point que le château et la terre en tremblaient. Les coups du Cheval du Monde étaient terribles, et, à chaque ruade, il détachait deux ou trois peaux de bœufs des flancs de l’autre ; mais celui-ci ripostait aussi vigoureusement avec ses fers de cinq cents livres, et, à chaque ruade, il enlevait à son ennemi un lambeau de chair saignante. Le combat dura trois heures entières, et Riwall, qui y assistait, du haut du mur, et en suivait les péripéties avec anxiété, trembla plus d’une fois pour la vie de son cheval. Il ne restait plus à celui-ci que quatre ou cinq peaux autour du corps, lorsque le Cheval du Monde tomba tout à coup à terre, les quatre fers en l’air, épuisé et demandant quartier.

Aussitôt, Riwall descendit du mur et passa une bride à la tête du vaincu, qui se laissa faire et le suivit, tout triste et docile comme un mouton.

Quand ils arrivèrent tous les trois à Paris, tout le peuple et la Cour accoururent au-devant d’eux. Jamais on n’avait vu deux chevaux pareils. Le roi accueillit Riwall avec force compliments et l’invita à diner, à sa table, tant sa joie était grande de posséder dans ses écuries une merveille comme le Cheval du Monde.

Mais la princesse sorcière, qui ne voulait aucun