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Trégont-à-Baris remonta sur sa jument blanche. Celle-ci s’éleva en l’air aussitôt, et les voili partis, plus rapides que le vent.

Au coucher du Soleil, ils arrivèrent devant un second château, qui était à mille lieues du premier, Trégont-à-Baris fut bien reçu par le maître du château, qui l’invita, comme le premier, à souper à sa table.

— Et où allez-vous ainsi ? lui demanda-t-il.

— Ma foi, on m’a ordonné d’aller demander au Soleil pourquoi il est si rouge, le matin, quand il se lève, et j’y vais ; mais, je ne sais trop quel chemin prendre.

— Eh bien, si jamais vous arrivez chez le Soleil, demandez-lui aussi, je vous prie, ce qui est cause qu’un poirier que j’ai dans mon jardin est desséché et stérile, d’un côté, tandis que l’autre côté, il produit des fruits, tous les ans.

— Je le lui demanderai, volontiers.

Le lendemain matin, il partit encore, de bonne heure, avec sa jument blanche.

— Comment ! ne sommes-nous pas encore près d’arriver ? demanda Trégont-à-Baris à sa cavale.

— Si, répondit-elle, nous n’avons plus que mille lieues à faire. Bientôt, nous arriverons près d’un bras de mer, où il nous faudra nous séparer, et tu me laisseras de ce côté de l’eau. Un passeur se trouve là, qui te passera dans sa barque,