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beau marcher, aller toujours plus loin, dans toutes les directions, il ne trouvait pas de fin au bois, et il ne rencontrait ni habitation ni aucun être humain.

Enfin un jour, après avoir erré de la sorte longtemps, longtemps, il se trouva dans une grande avenue, pleine de belles fleurs aux parfums délicieux et où les oiseaux de la forêt semblaient s’être tous réunis, pour chanter et voltiger autour de ces belles fleurs. À l’extrémité de l’avenue, qui était fort longue, se trouvait une grande porte garnie de fer. — C’est ici, sans doute, que demeure le maître de la forêt, se dit-il ; je voudrais bien lui parler, car il me semble qu’il y a plusieurs années que je garde son bois, sans l’avoir vu qu’une seule fois.

Et il frappa à la porte. On lui ouvrit. Il se trouva alors dans une grande cour de château, où il ne vit personne. Il remarqua une porte ouverte. Il entra encore, et se trouva dans une vaste cuisine ; mais il ne voyait toujours personne. — Est-ce que ce château est abandonné ? se dit-il : Ma foi ! je m’y installe, alors.

Il y avait pourtant bon feu au foyer, et un agneau à la broche. Quand Jean jugea que l’agneau était cuit à point, comme personne ne paraissait, il le retira du feu, et se mit à manger, de bon appétit, sans oublier ses chiens. Il trouva aussi d’excellent vin, et fit un repas comme il n’en avait point fait depuis longtemps. Quand il eut fini, il fut bien surpris de voir une main de femme (il ne voyait absolument que la main) prendre un chandelier sur la table, et lui faire signe de la suivre. Il n’avait jamais été peureux, mais n’ayant pas