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— Comment voulez-vous que je me sois trompé ? je sais bien distinguer un bonnet rouge d’un bonnet blanc peut-être.

Puis ils s’endormirent tranquillement.

Quant à Allanic et à Fistilou, aussitôt que le géant fut sorti de leur chambre, ils descendirent dans le jardin, à l’aide de leurs draps de lits, et se donnèrent de l’air !

Le lendemain matin, Goulaffre fit se lever sa femme de bonne heure, pour lui préparer son déjeuner. Mais quand celle-ci arriva dans la cuisine et qu’elle reconnut ses filles, elle se mit à pousser des cris à faire trembler le château. Goulaffre accourut, en l’entendant et joignit ses cris et ses beuglements à ceux de sa femme. Il courut à la chambre de ses filles, croyant y trouver encore ses deux hôtes. Mais il n’y trouva qu’un papier sur lequel il y avait écrit (Fistilou savait lire et écrire un peu) : — « Fistilou et son ami Allanic remercient le géant Goulaffre pour l’hospitalité qu’il leur a accordée, et lui promettent de revenir le voir. »

Le géant, rugissant de colère, prit alors ses bottes de sept lieues et se mit à la poursuite des fugitifs. Ceux-ci étaient déjà loin du château ; mais Goulaffre les eut bientôt atteints. Voyant passer par-dessus leurs têtes une grande jambe, avec des bottes énormes, ils se dirent : — voici le géant ! — et ils se cachèrent sous une grande pierre qui se trouvait près de là, et Goulaffre passa sans les voir. Quand ils le crurent loin, ils sortirent de leur cachette et poursuivirent aussi leur route. Vers le coucher du soleil, ils arrivèrent sur une grande lande parsemée d’énormes