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— Eh ! bien, je vais te le dire à nouveau : de ce côté du château il y a une cour toute pleine de reptiles venimeux, et de bêtes plus méchantes encore, et celui qui s’aventurerait là, n’en reviendrait jamais.

Il pensa aussitôt que son frère était allé là.

Le lendemain matin, après déjeuner, il alla se promener de ce côté du château, avec son cheval et son chien.

— Mon frère doit être là, — se disait-il en lui-même, et, arrive que pourra, il faut que j’aille voir.

Et il frappa à la porte. La vieille vint lui ouvrir. Il entra, et reconnut aussitôt le cheval et le chien de son frère, bien qu’ils fussent si maigres qu’ils paraissaient prêts de mourir de faim.

— Bonjour, mon fils, — lui dit la vieille femme ; tu es donc aussi venu me voir ? entre, vite, que je te fasse voir toutes les belles choses que j’ai ici. Mais prends d’abord ces deux chaines, pour attacher ton cheval et ton chien, là, auprès de la porte, jusqu’à ton retour.

Et elle s’arracha deux cheveux de la tête et les lui présenta. Mais lui souffla dessus, et ils tombèrent à terre et se changèrent aussitôt en deux vipères.

— Eh ! — reprit la vieille, en voyant cela, si tu ne veux pas attacher ton cheval et ton chien, laisse-les là en liberté, dans la cour, et viens toujours avec moi, pour visiter mon château.

Et il la suivit. Quand ils furent arrivés au moulin de rasoirs : —

Regarde, mon fils, mets la tête à ce trou-là, et tu verras quelque chose de merveilleux.