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père, arriva en Angleterre, où Genèse l’espousa et eut deux enfants d’elle, qui furent mis à mort par Thibaud, dont Genèse se vengea depuis. »

La même circonstance d’un père qui veut épouser sa fille se trouve dans l’Histoire de la belle Héleine de Constantinople, mère de saint Martin de Tours en Touraine et de saint Brice, son frère. On trouve encore une situation analogue dans un conte de Chaucer et dans un conte lithuanien intitulé : De la belle-fille d’un roi, dans le recueil de Schleicher, Lithauische Märchen, page 10. Il y a également dans Bonaventure Des Périers un conte dont l’héroïne, Pernette, présente plus d’un trait de ressemblance avec le conte de Perrault, Peau d’âne.


L’ÉPERVIER ET LA SIRÈNE.


Un vieux pêcheur prit, un jour, une sirène dans ses filets. Celle-ci lui dit : « Amène-moi ton enfant nouvellement né pour que je l’embrasse, puis remets-moi en liberté et demain, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, les pièces d’or ne cesseront de tomber par la cheminée dans ta chaumière. » Le pêcheur s’empressa d’aller chercher son enfant nouveau-né et la sirène lui donna un baiser, puis elle le rendit à son père et plongea sous l’eau. Le lendemain, le pêcheur et sa femme passèrent toute la journée à ramasser de l’or sur la pierre de leur foyer. Les voilà riches à présent. Quand l’enfant eut dix-huit ans, il voulut voyager. Son père lui recommanda de ne s’approcher que le moins possible de la mer et de ne jamais s’y baigner surtout. Il partit, et, chemin faisant, il trouva sur sa route une charogne que se disputaient un loup, un épervier et un bourdon. Il en fit le partage entre eux de façon à les contenter tous les trois, et chacun d’eux, par reconnaissance du service qu’il leur avait rendu, lui accorda de devenir à sa volonté loup, épervier ou bourdon, et de plus, ils lui promirent de lui venir en aide dans le besoin, en quelque lieu qu’il se trouvât.

Plus loin, il obligea encore des oies et des fourmis, qui promirent aussi de s’en montrer reconnaissantes.

Il arriva alors à un vieux château. Il n’y vit personne d’abord, mais la table était servie, et il mangea. Quand il eut fini, une main invisible prit une lumière sur la table, et le conduisit ta son lit. Les trois jours qui suivirent, une vieille femme lui imposa trois épreuves : d’abord, retirer du fond d’un puits très-profond une boule d’argent qu’elle y jeta, puis trier un tas de trois grains différents et mettre chaque espèce à part ; enfin désigner, dans une salle obscure, quelle était la plus jeune et la plus jolie de trois femmes qui s’y trouvaient, dont deux vieilles