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Le résumé rapide, qui va suivre, du conte slave l’oiseau Ohnivak, montrera clairement que la fable, les ressorts, l’esprit et la marche générale du récit y sont les mêmes que dans le conte breton.

Dans le conte slave, comme dans le conte breton, un roi a dans son jardin un pommier[1] qui produit des fruits d’or, et, chaque nuit, il en disparaît un. Ce roi a aussi trois fils, qui passent successivement chacun une nuit au pied de l’arbre, afin de surprendre le voleur. Les deux aînés s’endorment et laissent enlever les pommes, comme à l’ordinaire. Le cadet, lui, quand son tour arrive, ne s’endort pas, et il atteint d’une flèche le voleur, l’oiseau Ohnivak, qui laisse tomber par terre la pomme qu’il emportait dans son bec, avec une plume de sa queue. Cette plume servit au roi, dans la suite, pour éclairer son palais, la nuit, car elle brillait dans l’obscurité comme un véritable flambeau. — Dans un de mes contes, la Princesse de Tréménézaour, il y a aussi une plume lumineuse qui éclaire le palais d’un roi. — Le roi du conte slave est pris d’un tel désir de posséder l’oiseau à qui appartient la plume merveilleuse, qu’il en tombe malade. Dans un autre conte breton, il y a également un roi atteint d’une maladie que la vue de l’oiseau de la vérité peut seule guérir. — Les trois fils du roi se mettent en route à la recherche de l’oiseau Ohnivak, car la couronne est promise à celui qui l’apportera à son père. Chacun d’eux prend une direction différente. Les deux aînés désobligent un renard, qui vient leur demander quelques miettes de pain, pendant qu’ils se reposent et mangent un morceau, sur la lisière d’un bois. Le cadet, au contraire, accueille bien le renard et partage avec lui son frugal repas. L’animal reconnaissant lui promet aide et protection, dans le besoin. — Cet épisode du renard se trouve encore dans un conte breton.

L’oiseau Ohnivak, lui dit le renard, est dans un palais de cuivre, et près de lui sont deux cages, une d’or, et l’autre de bois. C’est dans la cage de bois qu’il faut le mettre pour pouvoir l’emporter, — condition qui se trouve aussi dans le conte breton l’Oiseau de la vérité.

  1. 1 Je soupçonne le conteur breton d’avoir, de sa propre autorité, substitué un poirier au pommier du conte slave.