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de Pennbœuf. Il est maître sur tous les animaux à poil, et il les interroge à ce sujet : aucun d’eux ne connaît la montagne en question. Cet ermite lui donne alors, comme le premier, une boule pour le conduire chez son autre frère. Celui-ci est maître sur tous les animaux à plumes. Il les convoque tous. L’aigle sait où est la montagne de Pennbœuf, et l’ermite lui ordonne d’y porter, sur son dos, le voyageur, après avoir donné à celui-ci un manteau qui le rendra invisible, quand il le mettra à l’envers. Il arrive au château, au moment où la princesse allait épouser le géant qui la retenait captive. Grâce à son manteau, il peut pénétrer jusqu’à elle, et la faire sortir du château, sans être vu de personne, puis il l’épousa.


Ce conte, que je ne fais qu’analyser succinctement, semble appartenir au même cycle que la Princesse de Tronkolaine, Trégont-à-Baris, la Princesse aux cheveux d’or, et généralement tous ceux où le soleil joue un rôle. Le premier épisode, celui de la vente de l’enfant au diable, pourrait bien appartenir à une autre fable.


LE POIRIER AUX POIRES D’OR ET LE CORPS SANS ÂME.


Un roi a dans son jardin un poirier merveilleux qui produit des fruits d’or. Mais il s’aperçoit que, depuis quelque temps, une poire disparait chaque nuit de l’arbre. Il a trois fils. L’aîné passe, le premier, une nuit au pied du poirier, armé d’un arc, pour essayer de surprendre le voleur. Mais il s’endort, et, le lendemain matin, il manque encore une poire. De même pour le second fils, qui veut surveiller les poires d’or, après son aîné. Le cadet tente l’aventure, à son tour, et il ne s’endort pas. Vers minuit, par un beau clair de lune, le ciel s’obscurcit tout à coup, et il voit un grand oiseau, un aigle sans doute, qui descend sur l’arbre, enlève un fruit et s’envole ensuite, en l’emportant dans son bec. Il lui décoche une flèche. L’oiseau pousse un grand cri et laisse tomber par terre la poire d’or ; mais il disparait néanmoins. Le lendemain matin, la poire, fut retrouvée, et aux gouttes de sang répandues sur le sol, on put suivre la trace du voleur jusqu’à un vieux puits d’une profondeur inconnue. Les deux fils aînés du roi descendirent dans le puits, l’un après l’autre ; mais, n’en trouvant pas le fond, ils eurent peur, et se firent remonter. Le cadet entra à son tour dans le seau, et descendit, descendit pendant plusieurs heures, si bien que les cordes faillirent manquer. À force de descendre, il finit par arriver dans un autre monde, où tout était différent de ce qui se voit dans le nôtre. Il se trouva au milieu d’un bois, et vit venir à lui une vieille femme, qui lui demanda où il allait.

— Je cherche, répondit-il, le voleur des poires d’or de mon père.