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gnate ; elle se bornerait à décrire les anciens monuments et les ruines éparses sur le sol, à compulser et à mettre en lumière les vieilles chroniques, à recueillir de la tradition orale d’anciennes légendes oubliées et à décrire les monnaies Gauloises ou Romaines que la charrue des laboureurs et la pioche des terrassiers exhument chaque jour. Étude très-louable, j’en conviens volontiers, et que je suis loin d’avoir en médiocre estime. Mais, nous autres Bretons, qui avons l’avantage précieux de posséder une langue à nous, — je dis langue, et repousse vigoureusement le mot flétrissant de patois, — nous avons autre chose à faire, tout en ne négligeant pas ces études. Puisque cette langue, sœur aînée de toutes celles qui ont fleuri tour à tour sur le sol des Gaules et de la France, en s’enrichissant des dépouilles de son tombeau, — possède tout un cycle de chants populaires, de poèmes héroïques et de contes chevaleresques et merveilleux, marqués au cachet d’une originalité très-prononcée et très-caractéristique, avec un théâtre aussi curieux et intéressant qu’il est inconnu, — en un mot, puisque nous sommes assez heureux pour posséder toute une littérature nationale, le devoir d’une Revue de Bretagne serait de rechercher pieusement les débris épars de cette malheureuse littérature, — disjecti membra poetœ, — de les étudier, de les produire à la lumière et de les faire connaître aux