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xiv

Et si cebeau rêve fait colore un sourire d’incrédulité ou de pitié sur les lèvres de quelque partisan fanatique du progrès et de la prosaïque uniformité des vieilles nattons, ne me désillusionnez pas, de grâce ; laissez-moi m’isoler des agitations et de l’activité fiévreuse et désordonnée du présent, pour me bercer dans ces doux rêves de mon imagination ! — D’ailleurs, il s’en trouvera plus d’un, je l’espère, pour partager mes rêves et les préférer au désenchantement et au réalisme qui menacent de nous envahir de tous côtés. —

Comme l’antique et fraternelle Erin, aux ve et vie siècles, pourquoi notre Armorique ne resterait-elle pas comme une oasis poétique au milieu de ce désert de prose et de matière qui nous déborde ? —

Nous avons en France des chaires où sont enseignées les langues et commentés les monuments littéraires de tous les peuples qui ont passé sur cette terre et qui y ont fait plus ou moins de bruit, depuis le Grec et le Latin, jusqu’au Sanscrit et au Chinois et au Malais même, je crois. — Cela est bien, et je n’y vois rien à redire, tout au contraire ; mais pourquoi ne parle-t-on nulle part du Breton, du pur Celte, à qui toutes les langues du monde, peut-être, ont dérobé quelque trésor, arraché quelque lambeau de pourpre ? — Que de grands et puissants génies nous ferions passer sous vos yeux étonnés, si nous suivions-les traces de l’inspira-