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c’en est fait, hélas ! de notre nationalité, quoique la plus ancienne et la plus tenace de toutes celles de l’Europe. Honorons-la, comme un héritage sacré auquel sont attachées nos destinées ; étudions-la avec amour, recherchons ses titres perdus, et que tous ceux qui sont assez heureux pour la connaître et la parler se regardent comme obligés à faire quelque chose pour elle, et à laisser quelqu’œuvre écrite dans le pur breton que nous a enseigné le savant et à jamais regrettable Le Gonidec. —

Les vieux morts tressailleront au fond de leurs tombes de granit, dans tous les cimetières de Breiz-Izell, le jour où le pur breton sera écrit et parlé, et remis en honneur ! — Que les Bardes nouveaux, tous les Ossians en sabots et en bragou-braz de nos chaumières, les bûcherons de Koat-ann-Noz (Bois de la imit), — les Pillarrcrs des montagnes noires et les sombres mineurs de PouUaouen et de Huelgoat, chantent toujours les vieux gwerz des aïeux et en fassent de nouveaux ; que les jeunes amoureux et les meuniers des bords riants du Laita et du Scorf, de l’Isole et de l’Ellé, du Léguer et du Jaudy, — en Cornouailles, en Léon, en Tréguier, — redisent partout leurs sônes nouveaux, et chantent ces sentimentales et douces complaintes, dans les taillis, sur les chemins des pardons, au revers des coteaux et sur les landes Armoricaines, lorsque le