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qui abrège le temps, et pour qui tous les fardeaux sont légers. Elle a caché aussi, dans le recoin le plus secret et le plus inviolable de leur âme, un dernier rayon d’espérance, qui ne s’éteint jamais, et qui suffit pour éclairer leur longue nuit, jusqu’au moment où la main qui les a frappés ne vienne les relever de leur abaissement et les replacer au niveau de leurs maîtres, sur cette scène si mobile des destinées et des passions humaines.

Ce jour si longtemps attendu et si vainement invoqué par nos pères, ne se lèvera-l-il pas encore sur nos tètes ? — Nous, les descendants de la plus ancienne et de la plus malheureuse des races de l’Europe, serions-nous condamnés, comme les Juifs, à attendre éternellement un Messie qui ne viendra jamais ? — Les vieux Bardes nous auraient-ils donc menti, en nous prophétisant la résurrection d’Arthur ? — Non, Arthur reparaîtra au milieu de ses fidèles Bretons, et le vieux génie celtique aura aussi sa renaissance ; et plus il aura été opprimé, persécuté, insulté, plus il puisera dans cette situation même de courage et de force pour traverser les temps difficiles où nous vivons, — et plus son réveil sera éclatant et glorieux. —

Pleins de cette pensée et confiants dans l’avenir, inquiétons-nous donc davantage de notre si vieille et si belle langue bretonne, car, si nous la laissons périr.