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sceptiques obstinés qui traitent encore de mythe notre belle littérature bretonne [1].

Bretons ! n’avons-nous pas à craindre que nos arrière-neveux, car — nous ne sommes pas les derniers des Bretons ! — nous adressent un jour ce terrible reproche, en maudissant notre coupable indifférence : — — « Cain, qu’as-tu fait de ton frère ? — Indignes enfants de Breiz, qu’avez-vous fait de la belle et poétique langue de vos pères, la langue des Druides, des Bardes et des Saints, celle que parlaient Taliésin et Gwenc’hlan, saint Patrice et saint Kado ? Qu’avez-vous fait de ces gwerz guerriers et héroïques, de ces sônes amoureux et pleins de sentimentalité, de ces poèmes tout remplis des noms d’Arthur et de Merlin, d’Iseult et de Genièvre, de ces innombrables légendes, qui croissaient, comme autant de poétiques fleurs, sur les tombeaux des guerriers et des saints d’Armor et d’Erin ? — Qu’avez-vous fait enfin de ces contes merveilleux du foyer domestique, de tous ces enchantements, de toutes ces magies, de tous ces trésors de poésie, d’héroïsme, de rêves consolants et de visions surnaturelles que, dans leurs longues migrations à travers les mondes et les âges, vos pères emportè

  1. La Revue de Bretagne et de Vendée, j’aime à le constater, n’a pas failli à ce devoir, comme le prouvent les belles poésies bretonnes qu’elle publie de temps à autre. —