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DES EAUX DE PARIS

5,955 imposés, c’est-à-dire chefs de famille, car les deux tiers des habitants étaient exempts d’impôts, ne pouvait plus être alimentée d’eau par la Seine seulement. On peut donc reporter à cette époque de l’histoire de Paris, l’érection des fontaines de la rue Salle-au-Comte, qui a long-temps porté le nom de Henry de Marle, chancelier de France sous Charles VI, de celles Saint-Avoye, de la rue Bar-du-Bec, de la Porte-Beaudoyer, de Saint-Julien, qui étaient alimentées par les eaux de Belleville, et celles des Cinq-Diamants, du Ponceau, de la Trinité, de la Reine, rue Grenéta, qui l’étaient des Prés-Saint-Gervais. Cette conjecture prendra le caractère de la vérité aux yeux de ceux qui savent que les registres de la ville de Paris, tenus régulièrement à partir du 25 octobre 1499, ne parlent de la fondation d’aucun de ces divers monuments hydrauliques. Aux douze fontaines de l’intérieur de la ville déjà citées, si l’on ajoute celles des Lazaristes, des Filles-Dieu, des Frères-Saint-Laurent, de Saint-Maur, alors hors de l’enceinte, on aura seize fontaines alimentées par les seules eaux de Belleville et des Prés-Saint-Gervais. Maintenant, si l’on admet que le service des maisons royales, celui des concessions particulières, accordées, soit par les moines, soit par le prince, à divers seigneurs et grands dignitaires, à des communautés religieuses, à de riches particuliers, ait pu absorber la moitié de l’eau donnée par les deux aquéducs, on arrivera naturellement à cette conséquence que, des 20 pouces d’eau qu’ils produisaient alors, comme aujourd’hui sans doute, 10 pouces seulement étaient répartis entre les seize fontaines destinées à l’approvisionnement d’une population de trois cent mille ames. Cette évaluation de la population de Paris, toute problématique qu’elle puisse paraître, repose