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LES DEUX JUMEAUX.

être excusable à celui qui n’est point encore sorti d’auprès des jupes de sa mère et de sa grand’mère ; mais quand tu profitais de la faiblesse excessive de ces deux excellentes personnes pour demeurer au logis, au lieu d’aller à ta classe, dis-moi la dent qui te causait de vives douleurs n’en restait-elle pas moins dans ta bouche ? N’aurais-tu pas mieux fait de surmonter ton malaise pour aller où ton devoir t’appelait ? Les leçons dont lu aurais profité dans l’intervalle de tes souffrances ne t’auraient-elles pas été utiles, et n’en recueillerais-tu pas aujourd’hui le fruit ? Ah ! mon pauvre enfant, que tu comprends mal tes intérêts de ne vouloir pas mordre à la science ! Si j’en avais eu, moi qui te parle, je ne serais pas aujourd’hui un simple et pauvre vétéran ; je serais peut-être maréchal de France, et vous, mes enfants, vous rouleriez carrosse avec moi, au lieu d’être dans un état voisin de la misère, malgré le courage des deux excellentes créatures que voilà.

— O maman, ô ma bonne grand’mère, s’écria Pierre, je compte bientôt ne vous être plus à charge, allez… Si mon maître me trouve assez instruit pour quitter l’école, vous me mettrez en apprentissage, et quand je saurai un état, ma plus douce récompense sera de vous être utile.