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idée et bâtit d’abord une hypothèse sur leur cause. Mais l’esprit scientifique ne saurait se contenter de cette hypothèse ou de cette interprétation prématurée ; il faut en donner une démonstration immédiate à l’aide d’expériences ou l’attendre du temps quand les moyens de la produire n’existent pas encore[1]. »

Nous avons surtout cherché à nous pénétrer de ce principe que la médecine, pour le praticien, est avant tout une science d’observation. Une pareille science a pour but d’observer les phénomènes qui se passent dans l’organisme malade, de les étudier, de les classer et de les caractériser afin de pouvoir arriver à en prévoir le cours naturel. C’est alors qu’elle fait intervenir la thérapeutique afin d’agir sur ces phénomènes, de les modifier, de les enrayer dans leur marche et de permettre à l’organisme de réagir, éliminer et faire disparaître les causes directes de la maladie.

« Le véritable but de la médecine, c’est le traitement et la guérison des maladies. L’observation seule ne peut suffire pour atteindre scientifiquement ce but ; il faut nécessairement recourir à l’expérimentation[2]. » M. Cl. Bernard, dans ces lignes, ne fait-il pas ressortir involontairement le rôle qui incombe à chacun de nous ? À l’homme de science, au professeur, la médecine expérimentale ; au praticien, la médecine d’observation. La première sera le critérium de la seconde ; elle viendra

  1. Cl. Bernard, 2e leçon sur la chaleur animale, p. 18.
  2. Cl. Bernard, Leçon sur la médecine d’observation et la médecine expérimentale, p. 459.