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rable lettre de sa mère à Monsieur José-Maria de Heredia, de l’Académie Française, Président du Comité :

Villa Monge, Nice, 20 mai.
Monsieur le Président,

Si je n’étais forcée de reléguer parmi les chimères tout projet de voyage, je me serais déjà mise en route pour la vieille cité normande où je suis née, et je ne confierais pas à une petite feuille de papier la mission de vous exprimer toute ma profonde gratitude. Je trouverais beaucoup de douceur à serrer des mains amies, à me voir au milieu de ce Comité qui vous a si bien secondé dans les soins touchants que vous n’avez cessé de prodiguer à la mémoire de mon cher mort.

Mais la maladie et le chagrin, plus encore que les ans, m’ont terrassée et je ne dois plus quitter la retraite où je suis venue m’abriter.

De cœur et d’âme, je serai avec vous tous dimanche prochain, et je ne puis croire que quelques paroles des discours prononcés, quelques accords des morceaux exécutés n’arriveront pas jusqu’à moi, par un miracle bien dû à un pauvre cœur de mère.