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hommes rencontrés dans la rue des regards audacieux, des rires moqueurs, mais elle s’éloignait à la moindre tentative.

Il ne faut pas oublier qu’elle vivait en une réelle solitude, auprès des parents satisfaits. La mollesse de Madame Clarizet l’empêchait de fréquenter de nombreuses relations et les hommes qui venaient au logis auraient craint d’être honnis par leurs concitoyens s’ils avaient seulement essayé de troubler l’âme limpide d’une jeune fille par un simple propos égrillard.

Sarah, en son for intérieur, les traitait tous de vieilles pantoufles, et n’attachait à leur présence qu’une importance fort réduite.

Mais, comme il se doit, Sarah avait un cousin, et qui s’appelait Léon. Ce nom fut d’abord pour la jeune fille un sujet de facile moquerie. Puis, un jour, elle constata que Léon avait autant de timidité qu’elle-même et que, de surcroît, il possédait près de deux années de moins qu’elle.

Cette situation l’enhardit ; elle com-