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Si Sarah allait au lycée, c’était beaucoup parce que l’on ne savait trop que faire d’elle pendant le cours du jour. Elle apprenait cahin, caha, une multitude de choses, mais n’y attachait une réelle importance.

À cette époque, le rêve chez elle avait été élevé à la hauteur d’une habitude d’hygiène. Tandis que sa mère somnolait dans la salle à manger, et que son père caressait la dame de pique, elle s’enfermait en sa chambre virginale de jeune fille et, dans un retroussis élégant, elle faisait vibrer ce que nous pourrions appeler la corde sensible de son âme puérile.

Cependant, les conversations de ses compagnes, ses lectures, lui donnaient lentement une relative curiosité ; en réalité, plus de curiosité que de désirs, ceux-ci trouvant leur exutoire dans les vibrations de sa harpe personnelle.

Malheureusement, cette curiosité ne pouvait se satisfaire, à cause de la timidité qui la retenait. Elle avait, certes, pour les