Page:Luigi - Le Don Quichotte montréalais sur sa rossinante, 1873.djvu/53

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 52 —

unis à l’Église, vous vous jetez, sur eux comme des loups avides et vous en faites bel et bien justice. Les Communeux viennent de nous dire ce que vous savez faire.

Les faits étant tels que je viens de les exposer succinctement, on ne peut s’empêcher de lever les épaules de dégoût, lorsqu’on vous entend dire, avec tout l’aplomb que donnent d’ordinaire l’ignorance crasse, la mauvaise foi et l’impiété sans vergogne, que jamais la rapacité du clergé n’a connu de bornes ; qu’au douzième et quinzième siècle l’Angleterre fut pressurée et mangée de toutes manières par les légats et les évêques que les Papes lui ont imposés ; qu’enfin saint Louis fut lui-même obligé, et, à diverses reprises, de faire saisir les sommes considérables que les Papes prélevaient, en France, en dépit du pouvoir civil, soit pour entretenir le luxe effréné de leur Cour, soit pour défrayer les dépenses des guerres injustes, et quelquefois même abominables dans leurs moyens comme dans leur but.

Il n’y a pas un mot de vrai dans toute cette tirade que vous ont inspirée les plus vils instincts, et écrire l’histoire de la façon que vous le faites, c’est copier Voltaire mot-à-mot, et, par suite, mentir honteusement. Pourquoi tant vous monter contre les fausses décrétales, lorsque vous commettiez des indignités aussi révoltantes ? Tartuffe incarné ! Si vous faites semblant d’avoir voué un culte à la justice et à la vérité, ce n’est que pour vous autoriser à les mieux bafouer et salir ensuite.

Vous portez même l’audace jusqu’à dire que saint Louis a été gallican, qu’il a su ramener à l’ordre le pape Grégoire IX, et que, si le gallicanisme est une hérésie, saint Louis hérétique a cependant été reçu à bras ouverts dans le ciel. Et à l’appui de ces avancés vous parlez de la prétendue Pragmatique sanction de saint Louis.

Tous les meilleurs historiens rejettent cette fable. Je n’en citerai qu’un, M. J. Chantrel, dont les travaux sur l’histoire ont été très-considérables et très consciencieux, qui a consulté toutes les sources où ses devanciers ont puisé, et qui a fait une saine et très-savante critique de leurs avancés. Voici ce qu’il affirme relativement à saint Louis :