faits pour les anéantir, afin d’effacer pour toujours le témoignage qu’ils rendent à la vérité, et ces monuments attestent que l’Église a tout fait pour la prospérité des peuples, et qu’elle les a réellement rendus prospères à un degré dont nous ne pouvons plus, dans nos temps de suprême misère, nous faire une idée exacte, tant qu’elle a tenu parmi les nations le rang d’honneur et d’autorité qu’elle doit occuper. Et aujourd’hui encore, si nous avons un reste de civilisation, si nous jouissons de quelque bien-être et de quelque sécurité, c’est à elle que nous le devons et à nul autre.
C’est l’Église qui a civilisé le monde, en y faisant pénétrer, comme goutte à goutte, au prix du plus pur de son sang, les idées d’ordre, de justice, de noble obéissance et de charité ; c’est elle qui a aboli l’esclavage et proclamé les véritables droits de l’homme, en apprenant aux riches et aux pauvres, aux petits et aux grands, aux faibles et aux puissants à se regarder tous comme des frères ; c’est elle qui a réconcilié les peuples avec le pouvoir, par le soin qu’elle a pris de rendre ce dernier paternel, de despotique qu’il était ; c’est elle qui a assaini le sol de l’Europe, en restituant à la culture, par le travail incessant de ses légions de moines, d’immenses déserts et de nombreux marécages qui jusque-là n’avaient vomi que la putréfaction et la mort ; c’est elle qui a amélioré, perfectionné et encouragé l’agriculture ; c’est elle qui a couvert la face de la terre de maisons de prières, dont plusieurs sont des monuments proclamés les plus parfaits modèles de l’art ; c’est elle qui a soulagé toutes les misères et toutes les infortunes, et qui a bâti de véritables palais pour recueillir les membres souffrants de Jésus-Christ ; c’est elle qui, à force d’avertissements donnés aux grands et aux puissants de la terre, de prières et de sollicitations, a diminué le nombre des guerres, les a rendues moins barbares, moins funestes, moins désastreuses, lorsqu’elle n’a pu les empêcher ; c’est elle et elle seule qui, en possession de la plénitude de la science, l’a fait couler à pleins bords dans tout le cours des âges, et à tel point que les hommes, aujourd’hui réputés savants, ne sont pas capables, à moins de méditer des mois et des années entières, de comprendre dix lignes d’une de ces pages admirables qu’ont écrit d’humbles moines