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VII

Les dîmes.


Une autre question vous agace singulièrement les nerfs, savantifiant M. Dessaulles : c’est celle des dîmes. Il y a longtemps que vous et les vôtres désirez brouter dans les champs de l’Église, et ce qui vous irrite, c’est que vous donnez inutilement de la corne contre le mur qui le protège. Toutefois, vous accordez, quelle condescendance ! que le clergé a droit de vivre d’honoraires prélevés sur les revenus des particuliers ; mais vous voudriez que ce fut le pouvoir civil qui décidât de tout, et de par autorité propre, en pareille matière,

C’est grand dommage que le Dieu de Moïse et d’Aaron, et, après lui, Jésus-Christ Notre Seigneur et l’apôtre saint Paul n’aient pas prévu que vous, M. Dessaulles, pouviez naître un jour, tout resplendissant des lumières de la raison laïque du dix-neuvième siècle. Ils auraient certainement pris garde à eux et n’auraient pas parlé et agi à la légère comme ils ont fait, à propos de dîmes. Ils se sont malheureusement trompés, et c’est vous, M. Dessaulles, le grand prophète de notre époque, qui le prétendez. Vous affirmez, en outre, avoir reçu mission du ciel pour réformer ce qu’il y a d’imparfait dans l’organisation de l’Église comme société. Ça se peut ; mais, comme l’âne de Balaam ne parle pas tous les jours, il faut que vous donniez des preuves tout-à-fait évidentes de la mission que vous dites avoir reçue, si vous voulez que l’on vous croit.

Il y a lieu de pouffer de rire en face de toutes les extravagance que vous débitez. Comment vous, M. Dessaulles, qui, tout M. Dessaulles que vous êtes, n’avez pas même juridiction sur les simples affaires de ménage de votre voisin, et qui vous gardez bien d’y mettre le nez, sachant qu’on vous forcerait à renifler tout autre chose que le pot aux roses, comment osez-vous