Qui connaît ce merle, sait que depuis longtemps la candeur et l’innocence, la sincérité et la justice ont déserté de chez lui pour établir domicile ailleurs. Elles se trouvaient si mal logées !
Le zèle, dont il semble brûler pour tant de choses saintes qu’il voit outrager avec stupeur, comme il dit, est un feu qui n’est pas malin du tout. S’il n’a que lui pour se réchauffer il n’échappera certainement pas au frisson.
Sa piété est du même genre que son zèle à peu près ; elle a ceci de particulier que c’est une grimace qui n’est pas du tout belle à voir.
Quant à la logique et au savoir, il est fort amusant de l’entendre se vanter d’en avoir la possession pleine et entière. S’il se décide un bon jour à émigrer au pays des oies et des singes, ses co-religionnaires, M. Dessaulles pourra peut-être prétendre à occuper là une place quelque peu distinguée à titre de penseur et de logicien ; mais hors de là, bernique ! Le dernier œuf qu’il a pondu n’a que du volume ; pour de la logique et du sens commun, il n’en contient pas un atome.
Et s’il s’agit du savoir, comment M. Dessaulles peut-il prétendre en avoir ! N’a-t-il pas pris soin de lui fermer hermétiquement toutes les avenues en se cuirassant de cent épaisseurs d’ignorance ? Qu’on ne m’objecte pas qu’il doit être savant, puisqu’il fait des livres. Être auteur comme il l’est, n’est pas chose difficile : il suffit de savoir salir du papier, voilà tout.
Il ne laisse pas cependant de se prendre au sérieux et il aime à se rendre hommage. Il se sent infiniment sage, raisonnable, profond, savant, inspiré, religieux. Il le dit et le répète, sans avoir pourtant assez de ressources pour varier ses tours de phrases. Avec tout cela, il ne possède de disciple convaincu que lui-même.
Ridiculement barbouillé de Voltaire, Rousseau, Quinet, Michelet, Eugène Sue, Victor Hugo et d’autres de même acabit, il se dresse fièrement sur les pattes de derrière, et se proclame ni plus ni moins que le seul interprète véridique et infaillible des Saintes Écritures. C’est la pure vérité ; je n’exagère pas le moins du monde. À l’entendre, c’est lui qui est le vrai pontife