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tées, vous l’accusez de varier. Vous êtes donc mille fois déraisonnable, et c’est la seule passion qui vous conduit.

Il y a des empêchements de mariage qui varient, quant aux limites que l’Église leur assigne, et cela s’explique facilement, même pour ceux qui n’ont pas eu l’avantage de recevoir une éducation qu’on appelle cultivée. Mais pour vous, qui trouvez fort bon que le pouvoir civil modifie chaque année les mêmes lois et qui ne cessez pas pour cela de regarder ces lois comme plus strictement obligatoires que la loi divine, vous feignez d’être pris de scrupule lorsque l’Église, en pure matière disciplinaire, se permet d’être raisonnablement de son temps ! Hypocrite vous ne sauriez être couvert de trop de mépris !

Les empêchements de mariage sont, les uns de droit divin et les autres de pur droit ecclésiastique. L’Église a constamment maintenu les premiers tels qu’ils ont toujours été ; quant aux seconds, comme ils ne dépendaient que d’elle seule, elle les a modifiés, eu égard au plus grand bien, sans y avoir été aucunement forcée par la raison laïque, comme vous le prétendez.

L’Église reconnaît au pouvoir civil le droit plein et entier de poser de justes empêchements à la validité des contrats qui sont de son pur ressort, et elle le reconnaît si bien qu’elle prend les décisions de ce pouvoir comme point de départ de sa manière d’agir en pareille matière. Vous ne trouvez rien à redire à cela, pieux M. Dessaulles. Pourquoi donc l’Église n’aurait-elle pas le droit, dans la matière où elle a plein pouvoir de législation, d’agir comme fait le pouvoir civil ? Un esprit d’élite, comme vous avez la prétention de l’être, ne devrait pas se contredire aussi manifestement.

Vous avez le front d’avancer que l’Église a établi des empêchements de mariage pour se créer d’abondants revenus. Ceux-là seuls, qui sont dévorés par d’injustes convoitises, peuvent avoir de pareilles idées. L’Église n’a enrichi que les malheureux et les pauvres avec la faible obole qu’elle exige comme bonne œuvre en compensation de la brèche faite à la loi, en accordant à prix d’argent des dispenses aux différents empêchements de mariage qui sont de droit purement ecclésiastique.