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XXXVIII
PRÉFACE

peut atteindre aux vérités partielles. L’analyse ne vient qu’après la synthèse.

« Pour que la terre, dit-il (V, 535-550), se soutienne au milieu de son univers, il faut que son poids décroisse peu à peu ; il faut qu’elle ait, en dessous, une autre nature accommodée aux régions aériennes où elle est assise. Ainsi les membres de l’homme ne lui pèsent pas, tandis que le moindre poids étranger le gêne souvent. Tant il importe quelle chose est adjacente à telle autre ! ainsi la terre n’a pas été soudain apportée, jetée du dehors dans son atmosphère ; conçue dès l’origine avec tout son univers, elle en est partie intégrante, comme nos membres le sont de nous-mêmes. » Cet équilibre est contrarié par les tremblements de terre, sortes de frissons causés par des vents souterrains (VI, 592), et par les volcans, fièvres de ce vaste corps (VI ; 656). On dirait des maladies, tempérées par les eaux de la mer qui, bues par le soleil, retombent en nuages dans les fleuves et reprennent incessamment la voie une fois tracée à leur course liquide (VI, 636).

La terre (II, 346-666 ; V, 794) renferme ou reçoit dans son atmosphère tous les germes de ce qu’elle porte. Elle est la mère des êtres, la vraie Cybèle ; les animaux ne sont pas tombés du ciel. D’abord parurent les végétaux, comme le duvet d’une forte jeunesse (V, 785) ; puis vinrent les animaux qui s’en nourrissent, et les hommes. Lucrèce croit à la génération spontanée (V, 797). Les exemples qu’il cite témoignent d’une profonde ignorance en fait d’his-