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Il s’y lave, il s’y vautre insatiablement.

Mais, avant d’en venir aux vertus de l’aimant,
Établissons encore un important principe :
Les pores ne sont pas construits sur un seul type.
Ces canaux à l’échange ouverts sur tous les corps
1000Ont chacun leur emploi, leur genre de transports.
Chaque sens n’a-t-il pas sa nature et sa sphère ?
Chez eux l’impression comme l’objet diffère.
L’un n’admet que les bruits, l’autre que les odeurs ;
Un autre sait des sucs extraire les saveurs.
Quelle variété de trames, de matière !
Telle émanation passe à travers la pierre,
Telle à travers le bois, le verre ou le métal :
L’image, par exemple, à travers le cristal,
La chaleur à travers l’argent et l’or ; et toutes,
Selon leur force propre et l’office des routes
Que partout la Nature ouvre aux flux du dehors,
Plus ou moins promptement cheminent dans les corps.

Établis, confirmés et mis hors de conteste,
Ces principes d’avance ont éclairci le reste.
La tâche désormais est aisée, et l’attrait
Qui fascine le fer dans sa cause apparaît.
Il faut que de l’aimant mille effluves s’écoulent,
Dont le tourbillon chasse et dont les chocs refoulent
L’air qui s’interposait entre le fer et lui.
1020Dès que le vide est fait, dès que l’air s’est enfui,
Les éléments du fer sont projetés en masse
Et sans se désunir ; l’anneau qui se déplace