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DE LA NATURE DES CHOSES

Ainsi doivent monter à travers notre source
Les atomes brûlants dans l’eau disséminés
Qui, mêlés dans l’espace aux éléments ignés
Que la torche et l’étoupe enferment dans leur trame.
Rien qu’à toucher ces corps en font jaillir la flamme.

Le flambeau qu’on éteint, vivement approché
D’une lampe, s’allume, avant d’avoir touché
La flamme. Que d’objets s’enflamment à distance,
Et par le seul effet de la chaleur intense,
Sans l’atteinte du feu ! c’est ce qu’on voit ici,
920Et le cas de la source est explicable ainsi.

Maintenant, Memmius, il est temps que j’explique
Quel pacte unit le fer au métal magnétique
Appelé par les Grecs Magnés, en souvenir
Des lieux auxquels échut l’honneur de le fournir.
Cette pierre a le don, que les humains admirent,
De former une chaîne où des anneaux s’attirent,
L’un sous l’autre attachés sans lien apparent.
On en voit parfois cinq et plus tombant en rang,
Pendre et flotter au gré de la plus faible brise,
Échangeant à l’envi la pression transmise
Qui de la pierre en eux coule indéfiniment.
Si tenace est l’attrait continu de l’aimant !
Mais avant d’attaquer de front un tel problème
Et d’atteindre le fait dans son principe même,
Il faut des jalons sûrs, il faut de longs détours.
Ouvre plus que jamais l’oreille à mes discours.